« **Mr. Harrigan’s Phone** » est un bon petit thriller mystérieux disposant d’une histoire captivante, d’une intrigue énigmatique, et d’un développement en plusieurs temps. Le rythme est modéré, lent dans sa première partie, le récit est fluide et la narration est linéaire. La photographie présentée par **John Schwartzman** est agréable, la bande musicale orchestrée par **Javier Navarrete** vient parfaitement accompagner les différentes ambiances du film, et le montage effectué par **Robert Frazen** débouche sur un film d’une durée de 106 minutes. La distribution offre de bonnes prestations, toutefois dominées par les très bonnes performances du duo formé par **Donald Sutherland** et **Jaeden Martell**, qui fonctionne très bien. L’ensemble offre, dans un premier temps, une atmosphère aimable et sociable pour s’orienter, dans un deuxième temps, vers une intrigue mystérieuse, immatérielle, et surnaturelle. Un film qui offre un délicieux moment de divertissement.
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« **Black Crab** » est un bon film de guerre disposant d’une histoire originale, d’une intrigue captivante et d’un développement dynamique. Le rythme est plutôt soutenu, le récit est fluide et la narration est linéaire. Le scénario d’**Adam Berg** et de **Pelle Rådström** laisse volontairement des vides qui pourront gêner les plus cartésiens. La photographie est magnifique mettant en évidence les dangers et obstacles rencontrés par les différents protagonistes sur les étendues de glace désolées et inquiétantes. La bande originale et le montage sont bien orchestrés. La distribution offre de bonnes prestations, toutefois dominée par la performance de **Noomi Rapace** dans le rôle d’un soldat désespéré patinant avec détermination pour sa famille. L’ensemble est divertissant même si le film ne nous laisse jamais savoir ce qui se passe réellement dans le monde.
« **The Contractor** » est un bon thriller d’action disposant d’une histoire basique, d’une intrigue usuelle et d’un développement familier. Le rythme est plutôt soutenu, le récit est fluide et la narration est linéaire. La photographie est agréable, la bande originale est très sympathique et le montage permet de garder un certain dynamisme. La distribution offre de bonnes prestations toutefois dominées par la performance de **Chris Pine** qui livre un personnage abusé, trompé par son meilleur ami. L’ensemble permet de passer un agréablement moment, sans prise de tête, simple, efficace.
« **Me Time** » est une comédie sommaire disposant d’une histoire prosaïque, d’une intrigue monotone et d’un développement insipide. Le rythme est assez vif, le récit est fluide et la narration est linéaire. La photographie est convenable, mais certains effets spéciaux sont critiquables, la bande musicale est sympathique et le montage est ordinaire. La distribution offre de bonnes prestations, **Kevin Hart** est dans son registre tandis que **Mark Wahlberg** est en mode affable. Un film qui se laisse regarder, mais qui ne reste pas très longtemps en mémoire.
**Lire ma critique complète :** https://wp.me/p5woqV-aJd
« **Prey for the Devil** » est un bon petit film d’horreur disposant d’une histoire simple d’exorcisme, d’une intrigue plaisante et d’un développement basique. Le rythme est modéré, le récit est fluide et la narration fait appel à plusieurs flashbacks. La photographie est sommaire, la bande originale est sobre et le montage est ordonné. La distribution offre de bonnes prestations dans l’ensemble avec un focus sur **Jacqueline Byers** qui lui permet de se projeter en avant. **Colin Salmon** offre un prêtre à l’esprit ouvert et **Ben Cross** nous dit adieu avec ce dernier rôle. L’ensemble se laisse regarder sans pour autant être mémorable.
**Lire ma critique complète :** https://wp.me/p5woqV-bBa
« **Last Seen Alive** » est un bon thriller d’action disposant d’une histoire familière, d’une intrigue tendue et d’un développement simple. Le rythme croît progressivement, le récit est fluide et la narration est linéaire. La photographie est sommaire, la bande originale permet d’installer une atmosphère tendue et le montage est sobre. La distribution offre de bonnes prestations dominées par la performance de **Gerard Butler** dans un personnage aux allures d’anti-héros. L’ensemble est divertissant même si c’est loin d’être innovant…
**Lire ma critique complète :** https://wp.me/p5woqV-aBV
« **355** » est un très bon film d’action disposant d’une histoire familière, d’une intrigue classique et d’un développement musclé. Le rythme est assez soutenu, le récit est fluide et la narration est linéaire. La photographie offre une multitude de lieus et de décors différents, la bande musicale vient très bien accompagner les différentes atmosphères et le montage est cohérent, offrant beaucoup de vélocité à l’ensemble. La distribution livre de très bonnes prestations, animées par trois lauréates d’un Oscar, soit **Jessica Chastain**, **Penélope Cruz**, et **Lupita Nyong’o**, tandis que **Diane Kruger** fut finalement une bonne option de rechange pour palier à la défection de **Marion Cotillard** pressentie originellement pour le rôle. Un film qui n’a malheureusement pas pu avoir la distribution souhaitée en raison des restrictions déployées dues à la pandémie de COVID-19, mais qui remplit pleinement sa fonction de divertissement.
**Lire ma critique complète :** https://wp.me/p5woqV-bpV
« **Blacklight** » est un bon thriller d’action disposant d’une histoire basique, d’une intrigue mièvre et d’un développement léger. Le rythme est équilibré, le récit est fluide et la narration est linéaire. La photographie est propre, la bande originale est agréable et le montage est équilibré. La distribution offre de bonnes prestations, parfois au service de personnages caricaturaux. **Liam Neeson** apparaît comme fatigué dans un rôle peu original, traînant sa grande carcasse de fusillades en bastons peu crédibles. L’ensemble reste regardable, mais s’avère peu mémorable.
« **No Exit** » est un bon petit thriller disposant d’une histoire simple, d’une intrigue forte et d’un développement à rebondissement. Le rythme s’accélère avec l’avancement de l’histoire, le récit est fluide et la narration est linéaire. La photographie est soignée, la bande originale est plaisante et participe beaucoup à l’installation de l’atmosphère, et le montage offre beaucoup de rythme dans la seconde partie du film. La distribution offre de bonnes prestations, cependant dominées par la très bonne performance de Havana Rose Liu. L’ensemble est captivant, stressant et permet de passer un agréable moment. En outre, il mérite une petite recommandation.
Il y avait longtemps que je n'avais pas été autant saisi par un film... coup de poing sobre dans le paysage dégénéré du cinéma actuel. Ce fut donc une belle surprise.
Des acteurs bons et crédibles, un scénario prenant et une ambiance extraordinaire de réalisme. Ce film nous plonge dans le quotidien de nos banlieues perdues et surtout dans cette vie dingue des policiers au contact de ces sociétés parallèles.
**Doomsday** est le dernier film en date de _Neil marshall_ le réalisateur du très moyen **Dog soldiers** et du très bon **The descent**. Alors **Doomsday**... Uhmmm ! Comment dire ? Le problème pour critiquer un film comme celui là c'est qu'on ne sait pas trop par quel bout on va le prendre tant il navigue entre grotesque et excellence et puis c'est le typiquement le genre de film dont les défauts peuvent très vite devenir des qualités selon l'angle sous lequel on le regarde.
L'histoire de **Doomsday** est une sorte de super méga-remix qui oscille entre hommage référentiel et le plagiat pur et simple d'œuvres majeures de ses dernières années. On retrouve dans le film des éléments de **28 Jours Plus Tard** pour l'épidémie ravageant tout un pays, de **New York 1997** pour le concept de ville prison, de** Mad Max 2** pour la poursuite finale mais aussi des brides de **The Warriors** de _Walter Hill_ ou de **La Chair et le Sang** de _Verhoeven_... C'est évident que _Neil Marshall_ souhaitait faire un film qui rende hommage à des cinéastes tels que John Carpenter avec son héroïne borgne qui ressemble à l'improbable fiancée de Snake Plisken, à _George Miller_ pour la bande de sauvages motorisées et hirsutes sortant tout droit des délires post-apocalyptique des **Mad Max** mais si les intentions sont plus que louables à l'arrivée il rend aussi un vibrant hommage sans doute beaucoup moins volontaire celui là au cinéma Bis Italien des années 80 ,celui des films de _Enzo G Castellari_,_ Sergio Martino_ ou_ Brune Mattei_ qui eux aussi singeaient avec plus ou moins de réussite les succès du cinéma de genre ricains.
Le mot qui convient sans doute le mieux pour définir le nouveau film de _Neil Marshall_ serait "too much", et c'est cette accumulation de trop qui finit par rendre le film complètement bancal et fatiguant. Le réalisateur voulait certainement rendre hommage à plein de cinéma de genre et sous-genre différents du coup il multiplie sans cesse les ruptures de ton entre science fiction, actionner, survival et épopée médiévale et comme certaines parties du récit sont beaucoup moins intense que d'autres le rythme du film s'en ressent énormément. La générosité du réalisateur anglais est évidente mais le trop est parfois l'ennemi du bien.
Du coté des personnages c'est un peu le même problème, _Neil Marshall_ voulait sans doute des icônes de pop culture, des personnages charismatiques de bande dessiné mais à force de ne définir les caractères de ses héros que par de gros contours grossiers il n'en fait que de vagues caricatures. L'exemple le plus frappant reste sans conteste Sol (_Graig Conway_) le chef des méchants qui à force de cabotiner en roue libre ressemble finalement plus à un pitoyable clown punk qu'a un terrifiant chef de guerre à la Humongus. Il n'y a strictement aucun personnages de** Doomsday **qui échappe à une représentation purement caricaturale de son caractère entre le politicien véreux, le scientifique devenu fou, le soldat qui se sacrifie au ralenti etc etc... Alors fatalement le fait de les voir tous réunis dans un même film ça finit par juste faire un tout petit peu trop.
Neil Marshalll souhaitait que ses scènes d'action " soient les plus réalistes possible" ce qui est plutôt une bonne intention au départ, alors pourquoi avoir recours à ses effets de montage ultra cut à la mode qui rendent l'action au mieux bordélique au pire complètement illisible ? Pourquoi ne pas avoir plus souvent recours au plan large permettant de voir l'action dans son ensemble plutôt que d'écraser et de réduire le regard avec des plans moyens et des gros plans ? Et puis quand on invoque comme une profession de foi le soucis de "réalisme" on ne truffe pas ses scènes d'un second degrés maladroit qui va forcement créer un décalage entre l'action et son impact sur le spectateur. L'énorme différence entre** Doomsday** et ses illustres modèles que sont **New York 1997** et** Mad Mad 2** c'est que _Miller_ ou _Carpenter_ croient en ce qu'ils racontent et qu'ils ne sacrifient jamais leurs récits et leurs personnages juste pour faire du "fun". Car le gros problème c'est qu'a force de vouloir faire "fun" on finit parfois par être à limite de juste faire très "con" et malheureusement **Doomsday** flirte souvent dangereusement avec la frontière.
Malgré tout cela **Doomsday** reste un spectacle diablement réjouissant car justement il évoque le plaisir nostalgique des films d'anticipation post-apocalyptique des années 80 avec une énorme générosité de la part de son réalisateur. Et puis **Doomsday** est définitivement dans l'esprit "grindhouse" que j'aime , du pur divertissement de série B , du cinoche bis qui flirte parfois avec le Z. Et puis ne serait ce que pour la poursuite finale évoquant** Mad Max 2** il ne faut pas non plus trop bouder son plaisir.
Dommage donc que le film ne se prenne finalement pas un peu plus au sérieux, la distanciation du second degrés étant parfois ce qui sépare les tout petits films des grands chefs d'œuvres.
« **Friday the 13th: The Final Chapter** » est un bon slasher disposant d’une histoire familière, d’une intrigue usuelle et d’un développement singulièrement violent. Le rythme s’accélère progressivement, le récit est fluide et la narration est linéaire. La photographie joue beaucoup avec l’obscurité afin de renforcer la terreur lorsque **Jason Voorhees** apparaît, la bande musicale permet de retrouver l’ambiance des précédents opus et le montage est cohérent. La distribution offre des prestations standardisées, mais on retiendra les performances de **Ted White** et de **Kimberly Beck**, qui se détachent du lot. L’ensemble est assez sombre et gore à souhait et reste l’un des meilleurs de la franchise.
**Lire ma critique complète :** https://wp.me/p5woqV-9RG
« **Mine** » est un très bon thriller psychologique disposant d’une histoire basique, d’une intrigue forte et d’un développement méticuleux. Le rythme est modéré, le duo de réalisateurs amenant des scènes inattendues pour casser la lenteur due à la situation figée dans laquelle le principal protagoniste se retrouve. Le récit est fluide et la narration fait appel à des flash-back, des rêves, des illusions. La distribution offre de bonnes prestations, mais le métrage repose clairement sur l’excellente performance d’**Armie Hammer**. L’aspect psychique prend progressivement le dessus sur l’action et invite à réfléchir sur le phénomène de reproduction des violences vécues. L’ensemble est suffisamment captivant et engageant pour qu’on puisse recommander ce métrage.
**Lire ma critique complète :** https://wp.me/p5woqV-b1Z
Voilà un film bien sympathique, qui charme par sa fraîcheur, celle de la jeunesse — très aisée, il faut dire, qui n’a jamais vu la banlieue, juste le métro entre Victor Hugo et Étoile —, et sa justesse sur la psychologie des ados et des parents au début du XXIe. Comédie très amusante, sentimentale un peu en dessous de la ceinture, sociétale sans jugement ni arbitraire, dont tous les acteurs, tous très jeunes, tiennent honnêtement leur rôle et où la toujours craquante Sophie Marceau s’amuse avec talent et décontraction. Des dialogues savoureux et de la bonne musique du moment complètent l’ensemble. C’est joliment embelli à tous les étages et ça fait passer un bon moment où tant parent qu’enfant de l’époque peut y trouver un peu de lui-même.
Trente-six ans plus tard dans la suite tardive de Tim Burton à la parodie d’horreur bien-aimée Beetlejuice de 1988, les goules cherchent toujours à s’amuser. Il semble normal que Beetlejuice soit le film qui ait établi le style particulier erratique et horrifique du réalisateur. Avec son mélange vif d’humour et de macabre, Beetlejuice devrait être son projet le plus audacieusement Burtonesque depuis longtemps.
Mettant en vedette Winona Ryder, Catherine O’Hara et Michael Keaton (ce dernier dans le rôle du démon-déjanté à la voix rauque), il s’agit d’une excursion nostalgique qui pourrait ne pas plaire aux novices car elle fait grandement référence au film original. Cependant, étant donné que Ryder et O’Hara connaissent actuellement le succès sur des écrans plus petits (Stranger Things et Schitt’s Creek, respectivement), ainsi que l’importance croissante de Jenna Ortega (de la série Scream et de l’émission Mercredi de Burton), cette propriété devrait connaître une renaissance vibrante dans le futur..
L’histoire de la « nouvelle génération » s’ouvre sur Lydia Deetz (Ryder), l’héroïne adolescente de Beetlejuice devenue adulte veuve et clairvoyante qui anime une émission de télévision très appréciée. Non seulement elle a la capacité de voir les morts mais elle est aussi tourmentée par les images de son amant de l’au-delà, le métamorphe Beetlejuice, au visage moisi et hargneux. Après la mort de son père Charles (décrite dans une séquence animée), Lydia retourne dans la vieille maison hantée de sa famille avec sa fille Astrid (Ortega), désabusée et préoccupée par l’environnement et sa mère Delia (O’Hara, qui semble plus grande que nature) avant-gardiste et égocentrique. Dans une intrigue reprise du film original, Lydia doit assister au mariage d’Halloween de son patron, Justin Theroux, tandis qu’Astrid tombe amoureuse d’un local dévot, Arthur Conti. Pendant ce temps, Beetlejuice est traqué par sa propre ancienne flamme, le monstre suceur d’âme Dolores (une Monica Bellucci sinistre et soyeuse).
Avec Seth Grahame-Smith qui partage les droits d’auteur, les scénaristes Alfred Gough et Miles Millar (qui sont également les directeurs de la série du mercredi) tissent habilement une intrigue plus complexe que celle du film original. L’entrelacement habile mais souvent déroutant de plusieurs intrigues repose en grande partie sur la reconnaissance par le public des thèmes récurrents de 1988, dont le moindre n’est pas le retour des vers sablonneux mortels et des clowns à tête rapetissée.
Malgré le registre cartoonesque, le film fait un bon travail en donnant à ses principaux personnages humains des esprits réalistes. Cependant, l’objectif principal est d’insérer le plus grand nombre possible de passages comiques et sanglants. Cela va des jeux de mots visuels sur des expressions comiques à une délicieuse digression sur la relation entre Beetlejuice et Dolores, qui est racontée en italien en hommage au maître européen de l’horreur Mario Bava. L’exploit le plus impressionnant du film, cependant est la façon dont il récupère avec audace les effets pratiques et animatroniques extrêmement tactiles pour l’ère de la CGI, selon la devise d’un personnage « Keep it real » (gardez-le réel).
Ryder et O’Hara se distinguent parmi la liste des acteurs. Cette dernière pousse sa Delia originale encore plus loin dans ses névroses narcissiques tandis que la Lydia effrayée et fragile de Ryder aborde avec tendresse le sujet de ce qui arrive aux enfants gothiques lorsqu’ils grandissent et se heurtent à la réalité mortelle de tous les jours. Ortega joue l’adolescente abîmée dans ce film prenant la place de Ryder avec une charmante franchise. Une connaissance bien-aimée de Burton joue le caméo bourru qui ouvre toute l’intrigue et Willem Dafoe portant encore plus de maquillage prothétique après Poor Things a un rôle magnifiquement large en tant que flic de l’au-delà.
Après le succès de la version américaine de The Eye en 2008 et le thriller pour jeunes adultes Seuls en 2017, le réalisateur David Moreau a renoué avec la popularité dans le genre de l’horreur. Le Fantastic Fest de cette année a vu le lancement de MadS un cauchemar en prise de vue continue qui délivre une poussée d’excitation post-apocalyptique à un rythme effréné. Renouant avec ses racines de nouveau cinéaste français de l’extrême qui a stupéfié le genre de l’horreur avec Them (Ils) en 2006, Moreau réussit magistralement l’incroyable exploit de nous convaincre que nous assistons à un plan ininterrompu. MadS a été tourné en cinq jours, en cinq prises et pourtant on ne s’en aperçoit pas. Avec sa plongée à sens unique dans la folie de l’infection, le pouvoir de Moreau sur le mouvement éternel met en lumière des performances étonnantes alors que nous assistons aux prémices de la mort de l’humanité en temps réel.
Romain (Milton Riche), 18 ans, jeune homme plein de vie qui prend une nouvelle drogue auprès de son dealer est présenté au début de la rencontre. La soirée est censée être une célébration du récent diplôme de Romain mais une femme portant un bandage entre dans sa voiture. Romain panique en essayant d’aider l’auto-stoppeuse en sang qui finit par mourir. Maintenant que Romain a un corps dans sa voiture, son amie Anaïs (Laurie Pavy) est en route vers sa maison et son père qui est en voyage commence à appeler. Rappelons que tout cela se déroule dans les premières minutes. Moreau plonge rapidement son public dans un état d’anarchie inexplicable mais ce n’est qu’un aperçu de la folie psychédélique que Romain va vivre.
C’est une équation mathématique cinématographique qui dépasse les limites. Run Lola Run rencontre Climax et New Life. En se concentrant sur quelques personnes impliquées dans ce que l’on pense être un événement mondial, Moreau enquête sur une contagion au niveau moléculaire. Il y a une terreur innée dans ces histoires apocalyptiques personnelles qui peut irriter les spectateurs qui veulent des réponses au-delà de ce que Romain et ses amis les plus proches traversent. Moreau préfère les cauchemars personnels lorsqu’il n’y a pas de réponses. Les histoires apocalyptiques plus larges commencent généralement après l’effondrement de la civilisation et peuvent utiliser les « bonnes choses » , les combats de zombies, la guerre des survivants…. C’est là que se trouve la véritable terreur. La normalité passe rapidement des discussions sur les drames amoureux et les rampes d’escalier dans les toilettes aux soldats armés qui s’échappent et tentent de limiter une exposition catastrophique inconnue à l’aide de balles.
MadS se définit par l’intimité. Les meurtres ne se limitent pas à une morsure à de la chair déchirée… On peut en déduire que les rencontres de Romain avec la femme fugitive qui lui tache le visage de sang mènent à une conclusion troublante qui évoque la scène « A Ride in the Dark » d’Eduardo Sánchez et Gregg Hale dans V/H/S/2. Puisque nous ne pouvons qu’attendre et regarder la maladie de Romain se répandre dans Paris, la banlieue française et les centres urbains, MadS n’apporte aucune solution à l’impact de masse. Moreau ne recule jamais devant le goût subliminal de l’inévitabilité écrasante de l’histoire qui comprend la misère physique, la douleur et la démence qui en résulte.
Les trois jeunes interprètes dans lesquels MadS investit sont impeccables lorsqu’on leur donne l’occasion de briller. Il y a un élément d’échange de coups de bâton qui ne vieillit jamais parce qu’il s’agit d’un plan unique avec une caméra fixée sur un personnage choisi. En faisant allusion aux conséquences hormonales profondes d’un virus qu’il a involontairement introduit dans une soirée bondée, Milton Riche, le play-boy insouciant nous fait entrer dans l’intrigue. Il nous sert de premier guide, tandis que Julia interprétée par Lucille Guillaume, ferme la porte alors que la France se désintègre autour d’une jeune fille terrifiée qui rentre chez elle en scooter pour défendre sa mère. Guillaume est la survivante terrifiée qui tente d’empêcher la contamination, tandis que Ritchie est le maître qui cède tranquillement et plus tard moins tranquillement aux comportements du virus en furie. Pour l’âme du fan d’horreur, les réponses de Julia à un monde en flammes aboutissent à une conclusion fantastique.
L’une de mes performances d’horreur récentes préférées est la transformation de Laurie Pavy en prédateur ultime. Elle est complètement absorbée par ses traits animales enragés comparable à Toni Collette dans Heredité ou Jane Levy dans Evil Dead. Tandis que sa personnalité passe de celle d’une jeune fille effrayée à celle d’un démon sous acide, les personnes infectées entrent et sortent de leur état de conscience. Son léchage ahuri des réverbères, ses cris pour « maman », sa marche, sa colère… l’humanité qu’elle parvient à faire passer entre ses accès de barbarie et ses convulsions spasmodiques sont autant de signes de ses efforts extrêmes. La performance de Pavy est la quintessence de la maîtrise du genre.
Sans avoir recours à un grand nombre de cadavres, Moreau est capable d’engloutir son public dans des vagues d’effroi. La caméra tordue et envahissante du directeur de la photographie Philip Lozano suit tout, des fous furieux qui courent à la décapotable de Romain, entrecoupant une véritable terreur d’une étude de caractère démoniaque qui fait vibrer les basses. Même l’effet numérique où Romaine conduit entre les titres du film comme s’il encadrait la route est une approche compliquée et terrible pour d’innombrables raisons. Une fois le contact mis, rien n’arrête les interprétations ambitieuses de Moreau, propulsées par une fusée, des histoires d’apocalypse du Jour Zéro. Il honore les idéaux du mouvement de la Nouvelle Extrémité Française en étant créatif, féroce et sans limite. MadS est le type de film d’horreur qui vous donne l’impression de n’avoir jamais vu ce genre auparavant, et c’est une sensation merveilleuse. On aimerait une suite …….
Doublage en français catastrophique.
Les "indiens" et leur zorro ne sont pas crédibles.
Le « Z » de World War Z et d’Apocalypse Z semble être lié. Imaginez à quel point il serait merveilleux que les deux films soient des crossovers. Le début de la fin, sous-titre d’Apocalypse Z est en fait basé sur la trilogie de livres Apocalypse Z écrits par Manel Loureiro et publiés entre 2012 et 2014 (les deux autres sont Dark Days et The Wrath of the Just).
Le film s’ouvre sur un prologue dans cette version originale pour grand écran, racontant comment Manel (Francisco Ortiz) et sa femme Julia (Iria del Río) se retrouvent un soir dans un accident de voiture dont seule le premier survit. Un an plus tard, Manel, toujours déprimé vit seul avec son chat, Lúculus. Malgré la couverture par les journaux télévisés de la fermeture des frontières alors que l’énigmatique virus TSJ se propage en Espagne puis dans plusieurs autres pays, il semble ignorer ce qui se passe autour de lui ou s’en désintéresser.
Nous le voyons vaquer à ses occupations quotidiennes, notamment rencontrer un acheteur potentiel intéressé par l’acquisition de son yacht et faire ses courses où l’on voit les gens vider les étagères et charger les marchandises. Lorsque Manel accepte de se rendre aux îles Canaries pour rejoindre la famille de sa sœur, le vol est brusquement annulé ce qui provoque une onde de choc à l’aéroport de Vigo. Dès que le gouvernement ferme l’espace aérien et déclare l’état d’urgence en matière de sécurité civile, tout le monde reçoit un message d’alerte.
En raison de la mutation apparente du virus TSJ en un état hautement contagieux par contact sanguin, Manel décide de se cacher dans sa maison au lieu de retrouver sa sœur et le reste de la famille. Le film suit Manel alors qu’il improvise ses techniques de survie et risque sa vie pour chercher des réserves de nourriture et des biens utiles, tandis que le reste de ses voisins du quartier résidentiel est forcé de s’enfuir.
Carles Torrens qui est basé sur le scénario adapté d’Ángel Agudo, se concentre davantage sur la survie de Manel . La raison de l’épidémie de zombie viral rappelle la pandémie actuelle de COVID-19 avec une référence directe à la maladie dans le monde réel. Même si nous pouvons encore voir Manel semer les zombies lors d’une poursuite en moto tout-terrain dans les bois ou en tuer un avec un fusil à harpon, C Torrens est moins intéressés par l’excitation de la poursuite et de la destruction des morts-vivants. Cependant, il n’y a pas beaucoup de scènes d’action comme celle-ci et le gore, le sang et la violence font partie intégrante d’un film de zombies.
Le film pour être honnête est plus efficace lorsque le reclus Manel s’engage avec un autre survivant en particulier dans la séquence impliquant la vieille femme en fauteuil roulant (jouée par Amalia Gómez dans le rôle de Gabriela). Le film montre également Lúculus, le chat de Manel qui contribue à une dynamique de connexion positive entre le propriétaire qui prend soin de son animal de compagnie où qu’il aille et l’adorable animal à fourrure.
Horreur News
En choisissant en France un titre axé sur l’acte le plus symbolique et controversé de l’Eglise catholique romaine, le film de Diederik van Rooijen marche sur les traces de productions souvent ambitieuses mais pas toujours pertinentes : après tout, le premier du nom par William Friedkin a marqué de manière indélébile des générations de spectateurs et laissé une empreinte redoutable sur le genre en lui-même en tant que mètre-étalon terrifiant. Ses suites et succédanés, ne parvenant jamais à ne serait-ce qu’égaler sa puissance expressive et l’acuité de son message, ont contribué malgré elles à plonger les films d’exorcisme dans une sous-rubrique risible à mille lieues du réel potentiel de ce que peut receler cet éprouvant acte de foi à l’encontre du Mal.
Pourtant, en 2005, Scott Derrickson reprenait courageusement le flambeau et émettait une proposition de cinéma intelligente, utilisant les codes des films de procès tout en conservant, de manière ponctuelle, l’impact habituel des scènes horrifiques liées à la possession satanique, avérée ou non. En altérant subtilement le centre de gravité (le but n’étant plus de nous faire peur mais de nous faire douter), il s’écartait des ersatz de l’Exorciste et jetait un petit pavé dans la mare. Sans être un chef-d’œuvre, l’Exorcisme d’Emily Rose valait largement le coup d’œil et démontrait qu’on pouvait s’octroyer le droit de réaliser un film d’horreur sans pour autant abreuver le spectateur de jump scares toutes les dix minutes, assaisonnés de giclées d’hémoglobine et de tortures plus ou moins raffinées.
Depuis, le genre horrifique a su trouver une seconde jeunesse et délivrer chaque année quelques productions plus ou moins calibrées dans lesquelles certaines réussissent à se distinguer par leur intrigue, leur point de vue ou leur mise en scène (It follows par exemple). Le film qui nous intéresse tente de faire partie de ces singularités en se démarquant de la vague Conjuring/Insidious et choisit astucieusement un cadre à la fois familier et mal connu : celui de la morgue. Les producteurs se sont ainsi penchés sur le cas d’une jeune femme enfermée dans ce lieu si particulier et imaginé ce qui se passerait. Ne restait plus qu’au scénariste de développer l’histoire, tandis que l’équipe artistique tâchait de trouver les lieux et comédiens adaptés à leur projet.
L’histoire pouvait dès lors prendre forme : d’un côté un exorcisme raté ayant entraîné la mort de plusieurs des participants, et celle de la pauvrette qu’un prêtre tentait de libérer de l’emprise du démon ; de l’autre, la rédemption d’une fliquette traumatisée par le décès de son collègue lors d’une interpellation ayant mal tourné. Cette dernière, sur les conseils d’une amie ayant vécu des choses similaires (en laquelle on a l’agréable surprise de retrouver la sémillante Stana Katic dans un rôle malheureusement totalement transparent), décide de prendre un poste de veilleuse de nuit dans une morgue. La réalisation s’attarde alors, pendant que son nouveau patron lui présente les directives de sa fonction, sur ces lieux qui serviront de cadre presque exclusif au déroulement de l’intrigue : la chambre mortuaire, le couloir de réception, les tables d’examen, la guérite des membres de la sécurité un peu farceurs, les lieux d’aisance fonctionnels. Des salles froides, vides, éclairées uniquement lorsque des détecteurs distinguent la présence de quelqu’un. On se demande en quoi cet endroit pourrait permettre à l’athlétique Megan de reprendre son destin en mains. Mais voilà que survient son premier « client » et elle doit déjà appliquer les procédures strictes qu’on vient à peine de lui enseigner…
Lorsqu’on lui présente le cadavre d’une jeune fille tailladée et à moitié brûlé, les choses vont très vite s’enchaîner : d’abord, un SDF tente d’entrer dans le bâtiment, mais Megan garde la tête froide et le lui refuse ; elle saura ensuite tenir tête à cet illuminé cherchant à tout prix à se débarrasser de ce cadavre, quitte à faire preuve de violence, de quoi faire réfléchir Megan qui n’en aura pas le temps car une série de petits tracas va l’en empêcher : l’appareil de prises de vue tombe en panne, le scannage des empreintes connaît des ratés, la porte de la chambre froide ne veut plus se refermer… et certaines blessures du cadavre commencent à se guérir toutes seules ! Hummm… mais que se passe-t-il donc ?
Un film qui va s’évertuer à rester concentré sur son sujet, visant à l’inévitable et ultime confrontation entre la policière cherchant un nouveau sens à sa vie décomposée et ce qui se terre dans le corps d’Hannah Grace et ne demande qu’à se déchaîner. Cette dernière est incarnée par une jeune danseuse dont les performances physiques, notamment les contorsions, ont été particulièrement utiles au projet. Le DVD propose d’ailleurs un sympathique documentaire montrant le travail accompli par les maquilleurs sur sa peau, travail que le réalisateur sait utiliser avec discernement, bien aidé par son directeur photo qui lui permet de jouer sur les différentes tonalités froides proposées par cette morgue et les bâtiments réels ayant servi de cadre (l’hôtel de ville de Boston et le bâtiment voisin, d’une architecture singulière). Quant à Megan, qui devra courir, se battre, se cacher, elle jouit des qualités athlétiques indéniables de Shay Mitchell, l’une des héroïnes de Pretty Little Liars.
L’ensemble se suit sans ennui et, nonobstant quelques rares sursauts, proposera surtout un spectacle tendu vers une conclusion sanglante, entrecoupé de passages flirtant avec le fantastique. Contrairement au film de Scott Derrickson, le but ici n’est pas de déterminer s’il y a effectivement un cas de possession démoniaque, mais comment on pourra débarrasser le monde de l’emprise de cette entité maléfique. Pour les amateurs, il est indubitablement dans les bons films à conseiller dans le genre, bien qu’éloigné de l’ingéniosité et de la maestria d’un Get out ou d’un Sans un bruit.
Un nouveau volet de la saga Millénium, adapté du quatrième roman (celui rédigé par David Lagercrantz, successeur de feu le créateur de la série Stieg Larsson), réalisé par Fede Alvarez (Don’t breathe) et interprété par Claire Foy (the Crown, First Man) : difficile de résister à autant d’arguments, surtout si on a apprécié les premières versions cinématographiques des enquêtes de la super-hackeuse Lisbeth Salander.
S’agit-il d’un autre reboot, comme avait pu l’être la version de Fincher par rapport à celle de Niels Arden Oplev (la première refusant le terme de remake, préférant affirmer qu’elle s’appuyait sur le roman initial plutôt que sur le premier métrage de la trilogie) ? Oui et non, c’est assez compliqué. Il est clair que ni l’équipe artistique, ni la mise en scène ne reprennent des éléments formels des premiers films. En revanche, le scénario comporte bon nombre de rappels, tant à la première enquête ayant rapproché Lisbeth et Mikael Blomqvist, qu’à l’organisation criminelle dirigée par le père de Lisbeth. C’est un peu comme si cela se passait quelques temps plus tard (trois ans, en fait), histoire de voiler un peu la perception qu’on avait des faits survenus autour de magazine d’investigation Millénium.
Evidemment, pour ceux ayant lu les livres ou vu les œuvres précitées, le cheminement de pensée est évident. Lisbeth Salander, libérée désormais de son lourd passé, a les coudées franches. Quoique largement à l’abri du besoin (d’autant plus si on retient la conclusion du film de Fincher, qui la voyait récupérer une énorme somme d’argent), elle n’en continue pas moins à opérer dans l’ombre, fidèle à ses méthodes, cultivant sa paranoïa, refusant tout compromis même d’ordre émotionnel. Recluse, elle se permet en revanche d’utiliser ses méthodes éprouvées d’infiltration et de recherche pour traquer et punir les hommes qui commettraient des sévices envers les femmes qui partagent leur vie. Insaisissable, intraçable, elle est une de ces vigilantes que haïssent les forces de l’ordre et qu’adule le peuple, trop heureux d’iconiser quelqu’un qui ose ainsi s’attaquer au système. Ses méthodes et ses opérations punitives font parfois la une des journaux mais elle sait parfaitement effacer ses traces et empêcher qu’on remonte jusqu’à l’une de ses planques. Son seul fidèle ami, un geek avec qui elle partage le matos ad hoc et en qui elle a confiance, est le seul à même de la contacter directement. Quant à Blomqvist, il n’a pas eu de nouvelles depuis le dossier qu’il a monté sur elle et qui a fait sa renommée.
Voilà que Lisbeth est approchée par un programmeur désireux de récupérer un logiciel développé pour la NSA, susceptible d’entrer dans les systèmes d’armement des plus grandes puissances. Conscient d’avoir engendré un véritable antéchrist numérique, l’homme fait appel à elle pour en reprendre le contrôle, dans le but de l’effacer définitivement – ce qui n’est pas du goût de la NSA dont un agent spécial, Ed Needham, se charge de retrouver le coupable de ce piratage qu’il croyait impossible. Son arrivée à Stockholm n’est pas du goût du chef de la police, Gabriella Grane, qui le met sous surveillance. Malheureusement pour Lisbeth, l’opération vire au fiasco quand un groupe d’individus lourdement armé pénètre par effraction dans sa planque et dérobe l’ordinateur contenant le logiciel. Elle n’a que le temps de se mettre à l’abri et d’envisager la suite : ayant découvert que le programme était savamment crypté, elle sait à présent que ces terroristes suréquipés vont s’en prendre au programmeur qui attend avec son fils à l’hôtel. Le temps presse, elle est seule et ces hommes mystérieux ont un coup d’avance : il lui faut trouver des alliés de circonstance…
Alvarez délivre un travail intéressant, bien servi par ses complices habituels, dont le chef opérateur qui sait installer une remarquable ambiance visuelle, jouant constamment sur les contrastes (le noir de Lisbeth, de sa tenue, de sa moto, des murs de son appartement, de la Lamborghini qu’elle emprunte/le blanc de la neige et des cheveux délavés de cette étrange femme semblant surgie d’un passé renié). Appliqué dans sa mise en scène, le réalisateur espagnol met en avant la Salander, opportunément placée comme pivot de l’histoire, qui va devoir constamment se cacher de la police tout en tâchant de pister ses opposants qui savent bien trop de choses d’elle. L’agent américain, malgré son savoir-faire, ne semble pas faire le poids et brouille les cartes, mais il pourrait constituer un atout capital tant qu’elle parvient à le guider dans la bonne direction – et qu’ils parviennent à s’entendre sur les suites à donner à l’éventuelle réussite de la mission. Sauf que les forces liguées contre elle s’avèrent plus occultes et puissantes qu’elle ne s’en doutait, et l’appui logistique de Blomqvist ne sera pas de trop dans cette course-poursuite où la mainmise sur l’arsenal nucléaire international est en jeu.
Le rythme intense et crescendo, les fausses pistes et leurres informatiques entretiennent un suspense bon enfant, manquant toutefois de ce côté cruel, retors des premières histoires. L’ennemi caché se révèle trop vite, trop aisément. Et surtout, même si le sang gicle abondamment, le film demeure en lisière des perversités et abominations dévoilées dans les premiers films : le sadisme, la torture ne sont que suggérés et la nudité mise de côté. Claire Foy donne une intensité remarquable à son personnage mais, en perdant beaucoup de son mystère, Lisbeth y laisse un peu de son aspect fascinant. Les cascades, rares mais impressionnantes, les fusillades convaincantes contribuent à écraser le métrage sous des dehors très action movie, balayant du même coup des seconds rôles très fades face au magnétisme de Miss Foy.
Un film qui érode l’identité singulière de l’œuvre de Larsson mais parvient à se placer aux côtés de bons blockbusters haletants, illustrant les facettes du cinéma et ses différents genres cette année. Le générique, très graphique, le place dans la lignée de the Girl with the Dragon Tattoo, avec l’intention évidente d’en faire un produit plus grand public comme on commençait à le détecter chez Fincher.
« **Deep Water** » est un bon thriller psychologique disposant d’une histoire atypique, d’une intrigue poussive et d’un développement lent. Le rythme est plutôt lent sur une grande partie du métrage pour s’emballer dans la dernière partie. Le récit peut apparaître comme entortillé durant la première partie du film et la narration est linéaire dans l’ensemble. La photographie délivrée par **Eigil Bryld** est agréable mettant l’accent sur le niveau social dans lequel évolue les personnages. La bande musicale proposée par **Marco Beltrami** est assez sympathique, moderne et accompagne très bien les différentes ambiances du récit. Le montage, présenté par **Tim Squyres** et **Andrew Mondshein**, débouche sur un film d’une durée de 115 minutes offrant différentes atmosphères allant de l’humour au drame en passant par l’érotisme. **Adrian Lyne**, le réalisateur, livre un film plaisant, mais très nettement en dessous de son mythique « 9½ Weeks » (1986).
« **Friday the 13th Part III** » est un slasher moyen disposant d’une histoire classique, d’une intrigue basique et d’un développement ordinaire. Le rythme est soutenu, le récit est fluide et la narration est linéaire. La seule originalité de ce troisième opus réside dans l’appropriation du masque de hockey par Jason. La photographie signée **Gerald Feil** propose une version tournée en 3D, avec quelques scènes orchestrées pour ce format d’images. La bande musicale proposée par **Harry Manfredini** et **Michael Zager** reprennent le thème et les sonorisations de la franchise et le montage délivré par **George Hively** débouche sur un métrage d’une durée de 95 minutes. La distribution livre d’honorables prestations, **Richard Brooker** livre un Jason bien plus massif que son prédécesseur et **Dana Kimmell** propose une nouvelle survivante au tueur à la machette. L’ensemble reste dans la continuité des deux premiers films…
Un deuxième opus dans la droite ligne du premier, c'est-à-dire qu'on passe un très bon moment. Millie Bobby Brown est épatante, le scénario plein de rebondissements. Un mélange d'humour, d'action, d'énigmes, avec ce style si particulier dans la réalisation, découvert dans le premier film. J'espère que cette franchise va se poursuivre, car pour le moment, c'est un sans-faute.
« **Oxygen** » est un très bon film de science-fiction, disposant d’une histoire originale, d’une intrigue très bien ficelée et d’un développement intelligent. Le rythme est cohérent, le récit est fluide et la narration fait appel à plusieurs flashbacks. La photographie est rudimentaire, mais pleinement futuriste, la bande originale est agréable et le montage permet de maintenir la tension et le suspense. La distribution est réduite à sa plus simple expression, mais la prestation délivrée par **Mélanie Laurent** est impeccable. L’ensemble permet d’obtenir un très bon divertissement autour d’un film que l’on peut recommander sans risque.
De nos jours, tout personnage de fiction devrait avoir la moindre envie de se retrouver dans la retraite isolée d’un milliardaire excentrique. Il s’est avéré que personne n’a trouvé refuge dans le dome de verre. La nourriture du Menu a empoisonné les clients du restaurant. Personne ne s’est jamais senti à l’aise dans un établissement contrôlé par des personnes extrêmement riches et conçu pour elles comme le manoir isolé d’un génie dans Ex Machina ou les installations graphiques d’Infinity Pool.
Ce schéma est suivi dans Blink Twice, la première réalisation de Zoë Kravitz. Le film introduit son personnage principal Frida la serveuse de cocktails Naomi Ackie, dans l’île où s’évade le magnat de l’informatique Slater King (Channing Tatum, froidement intimidant). King est devenu un peu reclus à la suite d’une controverse qui a entaché sa réputation. Comme chaque voyage, il commence de manière idyllique avant que les fêtes au bord de la piscine ne se transforment en quelque chose de plus sombre. Cependant, Blink Twice n’a pas pour but de se moquer du 1% ou de consommer des riches. Il s’agit plutôt d’un examen chic, bien qu’inégal de la façon dont le fait de côtoyer des personnes influentes peut conduire à une sournoise sensation d’impuissance qui peut rapidement tourner à l’auto-illusion.
Après tout, Frida sait à quel point il est étrange qu’après avoir flirté avec Slater lors d’un gala, il l’invite ainsi que son amie et collègue Jess (Alia Shawkat) dans son refuge tropical. Elles n’étaient même pas proches de sa classe sociale ou économique ; elles ne faisaient que fournir des services de restauration lorsqu’elles ont décidé de renoncer à leurs uniformes afin d’obtenir de la nourriture et des boissons gratuites. Mais Frida, stupéfaite de leur bonne fortune leur demande d’ignorer cette étrangeté. Elle informe Jess que tout ce qui pourrait indiquer des problèmes comme le fait de devoir renoncer à leurs téléphones ou de s’habiller dans des tenues entièrement blanches choisies par Slater, est « etre juste comme, riche ».
En outre, d’autres dynamiques sont à prendre en compte : Plusieurs autres femmes dont une séduisante star de la télé-réalité interprétée par Adria Arjona dans Hit Man, ont été invitées par les amis de Slater à se joindre à eux pour le voyage, et elles rivalisent toutes pour attirer l’attention de Slater. Chacun est fasciné par Slater et son mode de vie, et tous veulent continuer à vivre selon ses critères sur l’île. Une étrangère comme Frida se sentira obligée de réprimer ses instincts et de déclarer qu’elle s’amuse même si elle commence à se sentir plus comme un accessoire que comme une participante aux festivités comme l’indique clairement le film, alors que la richesse s’estompe et que le silence est encouragé.
Kravitz a le talent de créer des images inquiétantes qui reflètent les émotions contradictoires de Frida. Le film passe régulièrement de scènes désorientantes qui évoquent le côté sombre du plaisir du groupe à des montages hallucinogènes et humoristiques de leurs réjouissances. La conception sonore est particulièrement gênante : elle interrompt la conversation et le brouhaha à des moments aléatoires par le clic d’un briquet, le goutte-à-goutte d’un robinet et le claquement d’un bouchon de liège comme si elle exigeait que les personnages se réveillent. Blink Twice illustre la facilité avec laquelle l’alcool et les discussions ennuyeuses avec des inconnus peuvent rendre quelqu’un inconscient du danger. Très vite, Frida a besoin d’aide pour déterminer le jour. D’autres ne se souviennent même pas de la présence de Jess lorsqu’elle disparaît. Le charisme indéniable de Slater n’aide pas non plus – il fait paraître inoffensives ses plaintes vaniteuses (« L’oubli est un don ») et ses salutations condescendantes (« Vous passez un bon moment ? »).
Lorsque l’angoisse émotionnelle liée à la situation de Frida cède la place à des clichés dignes d’un film d’horreur, Blink Twice s’essouffle. Le film laisse entendre que le malaise de Frida provient d’une concoction de terribles réalités sociétales : les femmes ont longtemps été conditionnées pour justifier un comportement menaçant dans une forme tordue d’autodéfense ; la richesse de Slater et son groupe de béni-oui-oui le protègent de la pleine responsabilité de ses défauts et le sexe de Frida et son travail font d’elle une cible facile. Cependant, même si Kravitz organise des scènes incroyablement sanglantes dans les dernières scènes du film, la violence semble précipitée. Haley Joel Osment, Kyle MacLachlan, Geena Davis et d’autres acteurs méritant des rôles beaucoup plus importants jouent un certain nombre d’intrigues secondaires insuffisamment développées dans un scénario surchargé de Kravitz et E. T. Feigenbaum, ce qui fait qu’au moment où le roman se termine, les aperçus antérieurs plus perspicaces, sur la situation de Frida semblent minimisés.
Le titre initial du film était Pussy Island, un nom beaucoup plus controversé que Kravitz a déclaré avoir choisi pour « se réapproprier » le terme vulgaire lors d’une interview. Même s’il aurait été beaucoup plus difficile de commercialiser le film, j’aurais aimé qu’elle persiste. Kravitz, qui se décrit elle-même comme un « bébé népo » élevé dans l’élite d’Hollywood, semble comprendre la fureur exacte qui naît du fait d’avoir dû arborer trop de sourires crispés dans trop de salles ivres pour trop d’hommes puissants. Cette colère est soulignée par la crasse de la scène. Blink Twice est un premier film tendu et palpitant, avec un point de vue émotionnel puissant qui ressemble à un exercice thérapeutique.
Même si The Front Room est présenté comme une comédie d’horreur, le principal sentiment qu’il suscite est l’incrédulité. Il est vrai que The Front Room est un spectacle terrible. Le fait que la majeure partie de la vidéo montre une femme âgée bizarre qui se souille afin de pourrir la vie de la femme de son beau-fils n’est pas tant une insulte qu’une vérité narrative. (Cela dit, elle répond également à la définition au sens figuré).
Imaginez la manière dont un caricaturiste de bord de mer aborde les thèmes fondamentaux du film d’Amour de Michael Haneke : la douleur insondable d’assister à la décomposition en temps réel d’un être cher vieillissant dont le corps et l’esprit s’effondrent sous le poids du temps lui-même. The Front Room ne s’intéresse pas du tout à cette source de tragédie à l’exception peut-être de l’incontinence qui est une chose (peut-être la seule) à laquelle il s’intéresse beaucoup, beaucoup. Il y a tant à tirer de la terrible expérience du vieillissement.
L’intrigue est simple et bien connue de tous : Belinda, professeur d’anthropologie et future mère (interprétée par une Brandy Norwood qui tire le meilleur parti d’une écriture terne) est naturellement frustrée par l’indifférence de son département. Moins surprenant (étant donné l’enfer qu’est le marché de l’emploi universitaire de nos jours), elle part tout de suite meme pas cinq minutes après le début du film, lorsque le président du département la rejette lors d’une seule réunion. En conséquence, elle s’efforce de joindre les deux bouts avec son mari Norman (un Andrew Burnap ), malgré le fait que (pour paraphraser environ 75 % du discours de Burnap) Norman devrait obtenir une promotion, si il y mets plus d’ardeur dans son boulot .
La belle-mère de Norman, extrêmement pieuse et violente apparaît bientôt pour soulager les difficultés financières du couple malheureux. Solange, interprétée par Kathryn Hunter a été maudite par une sorcière pour ne parler que comme le sénateur Claghorn. Elle conclut un marché avec eux deux, leur disant qu’elle leur donnera son important héritage s’ils la laissent rester dans leur maison pour ses derniers mois ou ses dernières années. Bedelia accepte l’offre apparemment gentille malgré les réticences de Norman et à la demande de Solange, elle transforme la chambre d’enfant qu’ils avaient construite pour leur futur enfant en la nouvelle maison de Solange. Après tout, à quel point cette belle-mère pourrait-elle être horrible ?
Les frères Eggers tentent à travers Solange d’évoquer quatre verticales distinctes tout au long du film : nos peurs inhérentes 1) du racisme, 2) du catholicisme qui n’est pas tout à fait surnaturel, 3) des figures invasives qui retournent vos proches contre vous et tentent de vous remplacer dans votre propre vie, et 4) de l’incontinence armée mais ils ne réussissent vraiment à aucune d’entre elles. Les trois précédents ont déjà été réalisés et bien mieux. En ce qui concerne la quatrième, The Front Room explique clairement pourquoi elle n’a pas été réalisée. (Il semble que ce soit la nourriture partiellement digérée et non les excréments qui augmente le rythme cardiaque d’un individu). Bien sûr, c’est hilarant mais on ne peut pas rire aussi fort d’une vieille dame qui hurle avant de commencer à se demander pourquoi on regarde ce film.
De plus, les frères Eggers ne prennent rien de tout cela à la légère. Les concepts susmentionnés sont traités de manière vague et utilisent fréquemment des images criardes. La photo de Solange dans un salon en est un exemple. Un groupe de disciples âgés vêtus entoure Sainte Marie. On la voit dans une séquence de rêve où elle nourrit son fils adulte avec du lait provenant directement de sa poitrine. Elle couvre également sa tête percée d’une serviette blanche et crie : « Je suis un bébé raciste, goo-goo gah-gah » (j’aimerais que cela soit inventé mais c’est dans le film). Malgré l’absence exceptionnelle de sang et/ou de violence, The Front Room succombe à l’une des erreurs les plus courantes du genre : il privilégie constamment le choc à la valeur.
La tentative de The Front Room de capturer de manière réaliste l’expérience bizarre de vieillir dans toute son horreur, son angoisse et même son rire est évidente, mais les moments qui en résultent sont essentiellement des palimpsestes d’un film qui n’a jamais vraiment vu le jour. Toute signification plus profonde au-delà des blagues (à la fois humoristiques et du genre « oh mon dieu, je vais vomir ») est difficilement discernable et ne devient apparente qu’en plissant les yeux. Les tentatives d’horreur de The Front Room sont frustrées par ses tentatives d’humour qui sont frustrées par ses tentatives de résonance thématique et ses tentatives d’horreur à valeur de choc frustrent ses tentatives de résonance thématique, créant ce qui ressemble à un cycle sans fin de pierre, papier, ciseaux. Tout le film est un échec.
Bien que la plupart des autres plaintes courantes s’appliquent dans leur intégralité, cet ajout au canon de la hagsploitation n’est pas une insulte à l’actrice qui interprète la « sorcière » principale en fait, il s’agit d’un tour de force pour Hunter. The Front Room est davantage un film terrifié par le corps féminin vieillissant qui est vilipendé et moqué qu’une représentation cathartique de la façon dont le temps dégrade le corps et l’esprit. Il est assez difficile d’envisager que Solange soit remplacée par le beau-père de Norman dans ce film.
The Front Room fonctionne sur une interprétation naïve du rire et de l’horreur, caractérisant la manifestation ultime de chacun comme une vieille femme blanche se pissant et se chiant dessus et forçant ensuite une femme noire à nettoyer derrière elle. La principale raison de l’échec du film est cette vision du monde et non les sous-entendus politiques aigres qu’il ne parvient jamais à analyser réellement. La vision essentiellement naïve du monde de The Front Room le rend plus effrayé par les individus qui ont déjà vieilli qu’il ne l’est par le vieillissement lui-même.
« **The Old Man & the Gun** » est un bon policier romantique disposant d’une histoire originale, d’une intrigue simple et d’un développement attendrissant. Le rythme est modéré, le récit est fluide et la narration fait appel à plusieurs flashbacks. La photographie tout comme la bande musicale, permettent de s’immerger pleinement dans l’époque du récit, soit le début des années 1980. La distribution offre de très bonnes prestations. Le couple formé par **Sissy Spacek** et **Robert Redford** est émouvant à travers une relation tout en tendresse. Un film qui reste un petit moment à l’esprit et pour lequel on garde une émouvante impression, surtout quand on sait que l’acteur principal annonçait son intention de mettre fin à sa carrière d’acteur après ce métrage, même s’il apparaît brièvement dans « _Avengers: Endgame_ » (2019)…
**Lire ma critique complète :** https://wp.me/p5woqV-b0i
« **In the Shadow of the Moon** » est un très bon film de science-fiction disposant d’une histoire captivante, d’une intrigue intéressante et d’un développement offrant une pointe d’originalité. Le rythme est harmonieux, le récit est fluide et la narration joue sur différentes périodes. La photographie est soignée, la bande originale est agréable et le montage est adroit et soigné. La mise en scène de **Jim Mickle** maintient le suspense sur la quasi-intégralité du métrage. La distribution offre de bonnes prestations, mais c’est clairement **Boyd Holbrook** qui livre la meilleure performance, au service d’un personnage qui sombre progressivement à travers le temps. L’ensemble est finalement une agréable surprise et mérite qu’on s’y intéresse à moins de souffrir de _Netflixophobie_…
**Lire ma critique complète :** https://wp.me/p5woqV-agq
« **Eli** » est un bon film d’horreur disposant d’une histoire intéressante, d’une intrigue classique et d’un développement original. Le rythme s’accélère progressivement pour s’emballer dans la dernière partie. Le récit est fluide et la narration est linéaire. La mise en scène offerte par **Ciarán Foy** est efficace et offre une poignée de moments effrayants qui saura séduire les fans du genre. La photographie est simple, les effets spéciaux sont propres, la bande originale est sobre et le montage est cohérent. La distribution offre des prestations inégales avec une domination de **Charlie Shotwell** par sa performance. L’ensemble se laisse agréablement regarder sans pour autant révolutionner le genre.
**_Lire ma critique complète :_** https://wp.me/p5woqV-b4X
Film en demi-teintes, très américain dans le sens où il veut mettre en scène de grandes valeurs, la liberté, l'indépendance, le courage, etc., et qu’il survole l’ensemble avec plein de maladresses et peu de profondeur. Ça se veut dur et sans concessions, on y trouve des gens sans relief, des situations artificielles et un montage brouillon.
À revoir exclusivement pour Paul Newman et George Kennedy.